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vendredi 21 mars 2008

STENDHAL, Le Rouge et le Noir, 1830

Je traverse à grande vitesse la campagne française, non loin, selon mes calculs approximatifs, de la Franche-Comté chère à mon cœur (c’est là où est née ma maman) et à celui de Stendhal (c’est là où il a placé une partie de l’action de son livre). Regardant par la fenêtre du train, je ne suis pas sûr que la campagne française de Julien Sorel soit si différente de ce qu’elle est devenue aujourd’hui, en tous cas, on doit y croiser autant de cons. Maintenant, je ne passe pas assez de temps à la campagne pour en être sûr. Ce dont je suis sûr en revanche, c’est qu’à Paris on croise encore plus de cons que le pauvre Julien dans le roman. Et pourtant il enchaîne sec.

Julien Sorel plaît aux femmes à en mourir, et elles sont toutes, à un moment ou à un autre, folles de lui. C’est un problème assez difficile à appréhender pour ce chroniqueur, même s’il ose se targuer de quelques réussites sur ce plan.

Je considère Julien Sorel comme une victime. Si ce succès féminin débordant est pour lui un tremplin carriériste dont il se sert, c’est aussi la raison de son malheur. En vrai, il ne conquiert que deux femmes, plus une serveuse de restaurant qui ne passe pas loin de la casserole (gag). J’ai une préférence notable pour la seconde, la jeune Mathilde, mais, que voulez-vous, je suis plus « parisienne de 19 ans » que bisontine de trente, on ne se refait pas. Et le catholicisme forcené de Mme de Rénal me lasse un peu, en vérité. Les deux malheureuses ont pour point commun de tomber amoureuses de Julien, mais alors, pas qu’à moitié. A mort, en fait. Le déchaînement des passions est retranscrit de façon formidable. Comme l’est, on s’en doute, la description du jeune homme à l’heure des choix. Mon problème est que ces choix sont soit extrêmement motivés et intéressés, soit complètement erratiques, et j’avoue que je m’y suis un peu perdu.

Qu’il est bon de lire un roman d’initiation du XIXème siècle de temps en temps ! Leur cynisme me déborde, moi qui peine à trouver des livres contemporains qui ne soient pas trop fades. Il est parfois bon pour l’équilibre mental de se reconnaître dans des personnages des romans qui, a priori, nous sont assez lointains. Ne nous y trompons pas, le tocard dont vous lisez les lignes écrit cette note à 300 km/h dans un TGV confortable sur un MacBook en écoutant simultanément une musique tirant sur le « métal », on est loin du fils de charpentier de Verrières. Et pourtant. Les peines de cœur de Julien se sentant délaissé, la résolution prise tôt de faire quelque chose de sa vie, la désillusion devant les soirées parisiennes, le dégout de la bourgeoisie affairiste, le mépris de la religion de façade, mais son utilisation (moi pour avoir un walkman à ma communion, lui pour trouver un boulot), tout ceci rapproche les jeunes d’aujourd’hui. Je le crie : dans notre rébellion larvée contre l’establishment, et qui de toutes façons ne change jamais grand-chose, dans notre quête d’une vie plus grande, et de l’amour qui nous fait déplacer des montagnes, nous sommes tous des Julien Sorel. Enfin, je l’espère pour vous. Parce que sinon, vous êtes des Messieurs de Rênal, et je vous bannis à vie, que d’ailleurs je vous souhaite courte, de ce blog auquel vous êtes étranger. 

Oups, à la relecture, je m’aperçois que je suis atteint de Spielbergite aiguë, je n’arrive pas à bien terminer mes articles. Je lance donc un concours ouvert à tous sans obligation d’achat : envoyez vos articles sur ce livre à « La Minute Littéraire, Courriers des Lecteurs, boîte postale 1138 ». Le tirage au sort, supervisé par l’huissier Maître Enfoiros, choisira le gagnant d’un paquet de fraises Tagada et d’un abonnement à vie à La Minute Littéraire. A vos claviers, mes petits amis !

1 commentaire:

Tristan a dit…

T'es vraiment une grosse feignasse ! T'as que ça à foutre tabarnak... Ça te prend pas ta semaine d'écrire une critique, calice ! Une heure ou deux, à peine, je te connais, t'es comme moi, t'es un fumiste, tu fais ça vite et pas trop mal, et surtout vite. Alors au boulot ! Y'a des gens qui aiment bien les lire. Sinon tu vas encore avoir droit à 35 blagues par jour du genre "çui là, au milieu de son mariage, il est capable de dire qu'en fait bon il a la flemme, que la mariage ça sert à rien, et qu'il va se coucher". Got it ?