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lundi 6 août 2007

COE, Jonathan , The Rain Before It Falls, 2007

Nick Hornby dit de Joanathan Coe quelque chose de très gentil et drôle : 'possibly the best writer of his generation - of my generation, as bad luck would have it'. Je ne suis pas loin d'être complètement d'accord, même si je trouve Hornby lui-même très doué. Je publierai ici un de ces jours une critique des autres livres de Coe, qui sont tous des chefs d'oeuvre, et qui sont tous très différents. J'ai lu toute sa fiction, je pense sérieusement passer à ses trois biographies, tellement cet écrivain me facine. Donc je commence par le dernier.

The Rain Before It Falls est un roman (...) [allez aidez-moi comment ça s'appelle les romans qui commencent avec une histoire d'un personnage et ensuite un autre apparaît et le bouquin raconte en fait cette histoire-là et pas celle que tu croyais au début, comme The English Patient de Ontdaaje et les trucs de Stephan Zweig et Les Simpsons ?]. Je ne me souviens plus. Bon, ben c'est un comme ça.

Sans vous en dire trop, je vais vous expliquer de quoi il traite. A propos, c'est quelque chose que je ne ferai jamais, c'est promis. Je ne supporte pas les spoilers. Je trouve ça bête et méchant. Un type qui vous gâche un film ou un livre, c'est qu'il a besoin de prouver qu'il l'a vu ou lu, ce qui montre qu'il est faible, ou alors il le fait juste pour être méchant, et il se rend coupable du crime de vous voler votre lien avec ce petit morceau de fiction, que vous vous réjouissiez de posséder. C'est dégueulasse. En 1996, un type de ma connaissance a trouvé drôle de me lâcher la fin de Usual Suspects. Appellez-moi rancunier, mais je ne l'ai jamais oublié, et je lui en veux toujours. Pire, quand son nom refait surface, c'est à présent la première chose à laquelle je pense, et les reste de nos souvenirs communs d'adolescence sont relégués dans la L2 de ma mémoire. Triste, démesuré ? Oui, je suis d'accord, mais je ne peux juste pas m'en empêcher. Ce même mois de 1996, un connard a dessiné sur une des tables de mon lycée une représentation d'un twist important de la fin du film Seven, qui m'a gâché la vision du film un peu plus tard. Qui que ce soit qui a fait ce dessin, je vous hais. Tout ça pour dire que je jure devant toi, ami lecteur, que je ne te gâcherais jamais une lecture. Je n'ai pas besoin de prouver que j'ai lu un livre jusqu'à la fin, parce que je n'ai aucune honte à ne pas finir un livre et à le reposer sur l'étagère. Voilà. Il y a des livres que je ne finis pas. Je l'assume, et survis cependant.

Le dernier Coe, donc. Une vieille dame enregistre sur K7 l'histoire de sa vie pour la faire partager à une jeune fille qu'elle a connue, et qui est aveugle. Pour pouvoir lui montrer au maximum ce qu'elle a à lui dire - en gros, un résumé de 80 ans - elle a choisi 10 photos qui rappellent un moment clé de sa vie, et les décrit avec attention, avant de les commenter et de laisser libre cours à sa mémoire. C'est formidable. Cela parle de comment une enfance malheureuse peut laisser des traces indélibiles sur les choix de la vie adulte; combien il est difficile de s'assumer lesbienne à tout juste 20 ans, dans un environnement hostile; combien il est douloureux de chercher à faire le bien autour de soi quand tout nous en empêche; ça parle de rejet et de rancoeur, c'est d'une tristesse indescriptible, mais pas une tristesse voyeuriste, une tristesse assumée.

Une fois de plus, je vais passer deux ans à attendre que Coe publie son prochain livre, et deux jours à le dévorer. Et balancer 20 euros plutôt que 10 si j'avais attendu le paperback, et que ça ne me dérange pas outre mesure. Un conseil pourtant si je me permets : Si vous n'avez jamais lu Coe, ne commencez pas par celui-ci. Je recommande plutôt What A Carve Up! , traduit en Testament à L'Anglaise. Je reviendrai sur ce livre et les autres, c'est promis.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Salut Louis,
Je suis impatient de lire ton commentaire de What a carv up que j'ai beaucoup aimé.
A très bientôt
Ophir

Anonyme a dit…

Enfin un point commun :)
Jonathan est mon auteur préféré, avec Douglas Kennedy, et quelques autres...bref, parmi ces auteurs que je hais quand ils mettent plus d'un mois à écrire un nouveau titre ! (et j'attends souvent longtemps, parce qu'il fut un temps ou j'attendais la version francaise en livre de poche...)

Testament à l'anglaise est un monument, et je précise, en complément de ce que notre cher Louis a écrit, qu'il a surtout l'intérêt d'avoir un regard sans compassion pour l'Angleterre depuis Tatcher.

Commencez par celui que vous voulez, mais lisez l'intégrale de Jonathan !

PS : et j'attends les critiques qui manquent pour atteindre les 1001 promises...

E. a dit…

Bonsoir !

L'an prochain, hypokhâgne et oh surprise au programme d'anglais j'aurai droit à The rain before it falls. J'avais déjà eu de bons échos mais une telle critique m'a grandement donné envie d'acheter ce livre au plus vite pour en apprendre un peu plus, et ce avec une pointe d'humour et de vécu qui passe très bien - oh combien de fois j'ai détesté les gens pour avoir dévoiler la fin d'un livre ou d'un film. Fait inavouable, je hais le connard qui a écrit tout plein de fins de films sur ses tables en terminale. C'est pas croyable le nombre de chose que cet imbécile a gâché.