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mercredi 8 août 2007

LODGE David, Author! Author!, 2004

David Lodge est incomparable. Il a à mon sens une influence indubitable sur certains auteurs britanniques actuels que j'aime aussi, comme Coe ou Hornby. Il est drôle, caustique, érudit, intelligent. Et il a écrit de la fiction sur le thème philosophique de l'homme face à la foi sur un ton comique avec pourtant une portée inégalée, par exemple dans How Far Can You Go? ou Therapy. Bon je suis fan absolu de David Lodge. (Ok, ok, si j'étais fan absolu j'aurais aussi lu ses livres de prof comme Conciouness And The Novel, ce que je n'ai pas fait à ce jour). Et bien Lodge, lui, est un fan absolu de Henry James. Mais il est tellement fan, et remplit d'un respect si phénoménal, que sa biographie de James est un bonheur pour tout amoureux de la littérature.
Nous découvrons un homme différent, à la fois inscrit dans son siècle et étrangement conservateur, délié des tentations de la chair qu'il se refuse (avec une aisance qui paraît étonnante à l'auteur de ces lignes) parce qu'il considère qu'elles le détourneraient de son but littéraire. L'horreur de ce livre, c'est le déclage entre l'immensité de l'oeuvre de James aujourd'hui, la place que tout le monde s'accorde à lui donner dans l'Olympe de la littérature occidentale; et le manque de reconnaissance de son travail de son vivant. Le livre s'attache particulièrement aux quelques années d'expérience de James dans le théatre, qui est une succession de désastres d'une injustice frappante (surtout avec nos yeux d'aujourd'hui, quand on voit ce qui marche au théâtre, c'est à pleurer).
Le degré de détail des relations entre James et d'autres personnages, retracés grâces à de la correspondance, des mémoires, des préfaces etc., est simplement encyclopédique. Et pourtant, cette biographie a tous les attraits de la fiction, et sa lecture est tout à fait romanesque.
J'ai une éxpérience particulière avec ce livre, car à sa sortie je suis allé voir Lodge donner une lecture d'un passage dans une librairie parisienne, et ensuite il m'a signé une copie d'un autre livre, Nice Work, que je garde, vous le comprendrez, précieusement. Je ne lui ai même pas fait signer Author! Author!, que j'ai attendu d'acheter en paperback chez Penguin, pas parce que je suis cheap (pour le coup, je l'aurais bien lu à la la minute même où je suis sorti de la rencontre avec le Maître), mais parce que les Penguin de Lodge ont tous une unité de couverture, et de dessin, et ils vont tous bien les uns à côté des autres dans ma bibliothèque. Na.

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