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dimanche 12 août 2007

SMITH Zadie, The Autograph Man, 2002

Je viens d'être pris d'une pensée qui peut être un peu triste. Il y a deux jours je terminais au milieu de la nuit le premier livre de Zadie Smith, White Teeth, et hier matin j'écrivais sa critique ici. Au bout d'un week-end solitaire je viens de m'envoyer son deuxième livre, The Autograph Man. Et son dernier en date, On Beauty, attend sur l'étagère, et sera commencé dès que cet article, et la vaisselle qui attend de l'autre côté du couloir, seront terminés. Il est donc raisonnable de penser que si le dernier livre de Smith est au moins aussi bon que les deux premiers, d'ici trois-quatre jours - il faut bien aller bosser pendant la journée - vous devriez voir l'article correspondant heurter votre écran. Bon. Zadie Smith a passé six ans à écrire ces trois livres, et j'aurai passé dix jours à les lire, sans forcer. Ca n'est pas triste, ça, pour un auteur ?Comme Momo, la jeune Zadie a encore toute la vie devant elle (gag littéraire), mais regardez Proust. Pratiquement une decennie pour écrire le plus beau roman de la littérature française, malgré la maladie, la fatigue, l'isolement, la respiration crachottante, etc. Trois mois pour moi, dont facile trois semaines à me battre avec le Tome 3, avant de trouver difinitivement mon rythme. Parfois je me dis que je devrais mettre un petit peu de lenteur religieuse dans tout ça, genre souffler après chaque chapitre, réfléchir, peut-être aller faire quelque pas, fumer une cigarette, manger un Activia à la mangue. Je fais ça, parfois. Mais si le livre est bon très souvent je me l'envoie comme on s'envoie un Magnum aux amandes et je sors de ma lecture, la tète embrumée, un vague souvenir de cette vaisselle qui attend d'être faite et pour laquelle on se dit, à l'ouverture d'un chapitre, ok, à la fin de celui-ci, je me lève et je la fais... Ok, encore un, peut-être...Trente pages, trente pages, et sur la tête de ma mère je me lève de ce canapé. A quoi bon? Ah, qu'elle est bonne, cette sentation de s'abandonner à la lecture, à repousser les choses réelles, pour laisser à la fiction toute sa place ! Mais sérieusement, comme allier plaisir de la lecture et respect pour l'écriture? Parfois, je me dis qu'il doit bien exister des livres que l'on lit en plus de temps qu'il a fallu pour les écrire... Bon, je veux pas faire celui qui taille Alexandre Jardin et Bernard Werber à chaque page, mais je suis persuadé qu'écrire l'un de leur bouquins ne doit pas prendre longtemps-longtemps. Ecrire The Autograph Man, ça, c'est autre chose.
De quoi "parle" ce livre, te demandes-tu, ami lecteur, puisque ceci est censé être un blog qui parle de ce dont parle les livres? En vérité, je ne sais pas trop, la brume n'a toujours pas quitté mon esprit. Il parle d'amitié, des petites choses que dans la vie on fait ou on dit, sans forcer, pour un ami. (Débat : quel est le top five des meilleurs livres sur l'amitié ? Je lance : Leviathan, Paul Auster; A Prayer for Owen Meany, John Irving. A vous de jouer). The Autograph Man parle de religion, en fait de la recherche d'un non-croyant, métis, de sa propre judéité, de ce que veut dire préparer la prière qu'il va donner pour son père mort il y a quinze ans (le Kaddish). Du manque d'un père, mort donc, bien trop tôt, quand le jeune personnage principal en avait douze. Il en a vingt-sept à présent et son métier est de collecter et de vérifier l'authenticité d'autographes, et de les revendre. Et il a une quête obsessionnelle, celle de trouver un autographe d'une actrice de l'Age d'Or d'Hollywood, Kitty Alexander, qui n'en signait presque jamais. Un jour, il en reçoit un par la poste, mais là, la quête en fait ne fait que commencer. Je m'arrèterais là comme à mon habitude, en vous disant juste que dans un livre qui traite de la recherche d'autographes d'acteur, on croise de sacrés geeks, et je sais de quoi je parle.
A une foire à l'autographe, notre personnage principal croise un vieil homme suédois, initiales HI, qui est un nouveau venu dans le business. Vous allez dire que c'est parce que j'ai terminé White Teeth la veille (et non, comme j'aimerais le croire, parce que j'ai une bonne mémoire) mais je connaissais HI ! Ce n'est autre que Horst Ibelgaufst, le mystérieux correspondant de Archibald Jones dans White Teeth, qui l'avait battu au cyclisme en salle au JO de Londres en 1948 ! J'adore, non, J'ADORE quand un auteur replace subrepticement l'un de ses précédents personnages dans des livres. Ce trouve ça génial, et m'en rendre compte me remplit d'une satisfaction immense, et, pour le coup, absolument geeky. A vos plumes ! All time top five meilleurs placages de personnages précédents ? Je lance : Dans How To Be Good de Hornby, la personnage principale, Katie, se sépare de son mari pour quelques semaines et va vivre dans un appart dont l'adjacent est occupé par Dan, du magasin de disques de High Fidelity. Je kiffe. Attendez ! Re-Hornby : Will Freeman, dans About a Boy, va justement acheter ses disques dans ce magasin. Je re-kiffe ! Dans Paradise News, de David Lodge, le personnage de Nice Work dont le nom m'échappe à présent apparaît dans le voyage organisé et cherche à placer ses lits bronzants, 'Riviera Sunbeds' si je me souviens bien. J'exulte ! Allez, dans une moindre mesure, dans American Psycho de Bret Easton Ellis, Patrick Bateman déjeune avec son frère Sean, qui deviendra le personnage principal de The Rules Of Attraction... Amis commentateurs, donnez m'en d'autres !
Je sais que vous retenez votre souffle dans l'attente de savoir si oui ou non, le Suédois Horst Ibelgaufst revient dans le troisième livre de Zadie Smith, On Beauty... Bon ok, vous vous en foutez, eh bien ! moi si, moi je retiens mon souffle, et bientôt je saurais ! Vite, vite, à la vaisselle, que cette attente insoutenable s'achève enfin !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Thanks for writing this.