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lundi 6 août 2007

CAPOTE Truman, In Cold Blood, 1966

Je l'avoue sans trop de honte, il a fallu un film pour que finalement j'achète et je lise un bouquin dont on m'avais parlé depuis bien longtemps, et dont l'influence sur le reste de la littérature depuis a été souvent documentée. J'ai lu ce formidable truc, en fait, entre un film génial, celui avec Seymour Hoffman, et un film à la con, celui avec Jones. Marrant comme exactement le même materiel et la même histoire peuvent faire deux films parfaitement opposés. D'ailleurs, qu'est-ce qui leur prend tout le temps à Hollywood à faire deux films similaires à la fois ? Ca m'a toujours interpellé. Jugez plutôt : Armaggedon et Deep Impact, A Bug's Life et Antz, A Shark's Tale et Finding Nemo, (et peut-être des films pour adultes aussi). Toujours un bon, toujours un mauvais. Intéressant, ça.
Le bouquin de Capote ne mets pas de gants (gag) pour traiter d'une histoire simple de meurtre crapuleux, comment deux jeunes paumés et un peu simples se retrouvent à tuer une famille entière pour de l'argent. La première partie, sur toute la dernière journée de la famille qui sera assassinée, est horrifiante : tous les petits détails d'une journée comme les autres prennent une ampleur immense pour le lecteur, dans l'attente du massacre. Combien de fiction, combien de journalisme dans ce récit ? C'est apparemment le débat qui sert de base au second film, le mauvais. Ma réponse : rien à fiche. Le sujet est trivial : un quadruple meurtre dans un village paumé du Kansas par deux gamins. Choquant pour la communauté, mais, en vérité, assez banal. Que ce qui est raconté, expliqué, décortiqué soit juste ou faux, peu importe, la fictionnalisation d'un réel est le vrai sujet du livre. Encore une fois, ceci est un livre, point final. Ceux qui veulent du journalisme peuvent lire les journaux.
En attendant, je kiffe un souci du détail inégalé, un voyeurisme assumé (les descriptions de l'intérieur de la maison, par exemple, sont formidables : on devient faciné par la coiffeuse et les bijoux de Nancy, les lunettes de Kenyon sur l'étagère...). Mais ce qui frappe le plus c'est la proximité entre le reporter, ou l'auteur, et les tueurs, une facination réciproque apparemment, un travail de recherche immense, une patience... In Cold Blood est un voyage dans le réel triste, dans l'esprit dérangé, dans le quotidien aliénant. In Cold Blood est comme Blade Runner, un truc qui te remue, que tu sais aimer mais sans vraiment comprendre pourquoi, et que tu reprendras une fois par decennie pour essayer de voir si toi, ou lui, a changé suffisamment pour que vous vous compreniez mieux.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bien vu pour les films doublons... Dans cette catégorie on trouve également Vulcano et le Pic de Dante (lequel est le bon, lequel le mauvais? aucune idée). Il y a également des exemples où pour deux projets concurrents, l'avance prise par l'un oblige finalement l'autre à renoncer à sortir, comme avec l'Alexandre d'Oliver Stone. On ne sera jamais lequel était le meilleur... (même si j'ai une trendresse particulière pour la vision de O. Stone)