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mercredi 7 novembre 2007

SALINGER J.D., The Catcher in the Rye, 1951

J'ai trouvé mille raisons de lire The Catcher in the Rye. Durant ces dernières semaines, ce livre était partout ou je regardais. Une amie chère le lisait en vacances à la plage. The Economist m'apprend que c'est l'un des livres retenus par l'Etat chilien dans son programme d'alphabétisation de masse. Dans White Teeth de Zadie Smith, c'est l'un des livres que brûle la mère de Millat Iqbal, pour lui donner une bonne leçon : l'adolescent plus ou moins islamiste est allé à Bradford brûler Les Versets Sataniques, sa mère lui rend la pareille. Mais surtout, j'ai lu et vu un super reportage dans la revue Transfuge et sur Canal Jimmy dans lequel Beigbeder, fan absolu du livre, partait à la recherche de son auteur, et dans lequel il croise plein d'auteurs que j'aime bien (Darieussecq, McInerney, ...) qui expliquent chacun à leur manière comment ce livre a changé leur vie. Face à tout ça, il fallait bien que je me l'envoie.

Holden Caufield, le narrateur et personnage principal, est l'archétype du teenager mal dans ses baskets. Cette histoire de gamin mal dans sa peau et bien que dans sa solitude, se baladant sans but dans un monde trop grand pour lui, ne vous paraîtra pas révolutionnaire a priori. Vous mêmes avez été adolescents, et vous avez vu plein de films et lu pleins de livres qui vous ont conforté dans votre obstination à claquer les portes et à aimer Nirvana. Mais là, on parle de 1951 ! Un 1951 new-yorkais et jeune, pre-rock and roll, encore à des années et des années de la révolution sexuelle et du Viêt-Nam, et pourtant Holden est hyper-moderne et exact. En fait, Holden est un post-Rimbaud, pre-James Dean. En vrai, tout le monde, à toutes les époques, a eu sa crise d'adolescence, mais The Catcher in the Rye est la première fois que ça crée en soi la base d'un livre, et la vraie révolution est là. Rimbaud écrit : "Il faut être résolument moderne". Lui l'est, toujours. Je l'ai relu avec une amie qui découvrait la poésie française récemment, et je vous promets que même si vous avez l'impression d'avoir vieilli (la fac est loin, vous payez des impôts, vous allez chez Ikea, vous votez MoDem) vous pouvez toujours le lire et en tomber à genoux. The Catcher in the Rye vous fera la même chose, il vous redonnera une image de vous, de nous tous, dans ce moment difficile quand on n'est pas du tout un enfant et le mot adulte nous fait gerber. Dieu sait si j'ai eu une période adolescente (ok, justement pas Dieu, mais ma mère, c'est sûr), et ce livre est un hommage à cet état d'esprit, à cette révolte sans cause, à cet ajustement au monde des autres gens, quand celui que l'on a dans la tête est bien meilleur.

Je suis vert de ne pas avoir découvert ce livre à 14 ans, comme Millat Iqbal et Frédéric Beigbeder, plutôt qu'à bientôt deux fois plus. Je les remercie tout de même tous deux de me l'avoir conseillé. Dans le reportage susmentionné, Beigbeder va à New-York pour retracer les errances de Holden. Il va ensuite dans la forêt ou J.D. Salinger, l'auteur, s'est retranché depuis les années soixante. Je vais lui laisser la quête de son mentor, qui m'intéresse moins; mais je vais suivre son exemple : je me prépare un pélérinage à New-York sur les traces d'Holden Caulfield, livre en main.

1 commentaire:

Tristan a dit…

Nice post, as usual ! See you in NY, mate ! (Sur les traces d'Holden Caulfield, mais aussi de John McLane...)