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mercredi 22 août 2007

AUSTER Paul, The Book of Illusions, 2002, par Tristan

C’est l’histoire d’un mec qui vit en Nouvelle-Angleterre et qui écrit des livres. Pas de doute, nous sommes bien dans un livre de Paul Auster.Ce n’est pas qu’il écrit toujours la même chose (des fois, le héros habite à Brooklyn), c’est juste que son lecteur a l’impression de lire toujours le même livre. Mais comme le livre en question est bien, on pardonne tout.

C’est donc l’histoire d’un professeur de littérature et qui a publié une étude sur les films (muets) d’un acteur réalisateur oublié, qui a totalement disparu depuis les années 20. Peu après la sortie du livre, le héros-narrateur reçoit une lettre de la femme du réalisateur (Hector Mann); elle lui apprend qu’il est encore vivant et lui propose de le rencontrer. Ce sont les quatre premières pages.

Pas besoin d’en dire plus sur l’intrigue. Comme toujours chez Paul Auster, elle est à la fois suffisamment prenante et mystérieuse pour faire de ce livre un page-turner; et donne à la fois le sentiment de n’être qu’accessoire, une illusion pour justement garder notre attention et nous parler de tout autre chose.

Paul Auster est un virtuose de la narration. Il nous prend par la main et nous emmène dans son monde (presque semblable au monde réel), à la rencontre de ses personnages passionnants. Ces livres sont des livres de personnages; ici, nous suivons deux destinsparallèles, celui d’un professeur qui n’a plus envie de vivre, et celui d’une mystérieuse gloire d’Hollywood, tourmenté par ses pêchés, et qui vivra malgré tout.

Au fil des rebondissements, coïncidences (beaucoup plus nombreuses dans le monde d’Auster que dans le nôtre), rebonds de l’intrigue et rebonds de la vie des personnages, sont évoqués nombre de thèmes chers à Paul Auster. Le temps qui passe; la faute et le poids de la culpabilité; la rédemption; la souffrance intime; la perte de l’être aimé; la disparition et le départ à zéro vers une nouvelle vie… Le tout baignant dans l’atmosphère « à la Auster », plein de bibliophiles et de cinéphiles, dans cette Nouvelle-Angleterre idéalisée, presque caricaturale d’intellectualisme. Si l’univers est légèrement (et volontairement) « distordu », les personnages et leurs sentiments sont décrits avec une justesse souvent bouleversante – ce n’est pas un livre gai, c’est un livre sur la mélancolie et la tristesse, et il plonge facilement le lecteur dans cet état un peu masochiste où il en redemande. (Accessoirement, c’est pour l’instant mon livre préféré de Paul Auster.)

Tristan

2 commentaires:

Louis BERNARD a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Louis BERNARD a dit…

Bravo TP, merci pour cette nouvelle contribution. Tes articles seront toujours les bienvenus.
Je partage ton analyse des thèmes répétés dans les livres de Paul Auster. Celui-ci a tout de même la particularité de parler de l'amour des vieux films, et toute la partie de l'histoire sur l'hommage à l'auteur disparu, la religiosité devant les bobines encore vues par personne, tout ça est formidable. Mon Auster préféré est pour le moment 'Leviathan', et je l'avoue sans trop de honte je me suis arrété à mi lecture de 'Moon Palace' il y a quatre ans, et c'est peu probable que je le reprenne. Mais j'en ai lu d'autres très bien, et je continuerai.