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vendredi 21 mars 2008

KHADRA Yasmina, l'Attentat, 2005

Allez, une petite faveur pour me défouler à la fin d'une longue journée : tailler un bouquin à deux balles écrit avec le zgeg. A force de lire des livres de qualité, on en oublie vite que plein de gens s'ingénuent ici où là à nous sortir des bouses.

Dommage, car le sujet du livre est très bien : Un arabe israélien, parfaitement fondu dans la société israélienne, médecin à Tel-Aviv, apprend avec horreur que son épouse s'est faite sauter dans un café à l'heure de pointe et a tué plein de gens. Le type tombe des nues, car il ne s'était jamais douté du fondamentalisme de sa femme, et part en quète de réponses dans les Territoires Palestiniens, se frottant enfin à la souffrance de ses co-nationaux (ou presque) qu'il avait délaissés, jusque dans les bas-fonds de madrassas pourries où il trouve des idéologues jihadistes qui lui expliquent ce qu'il ne peut comprendre. Sujet super-intéressant donc, à ma connaissance pas encore beaucoup traité, je saute sur le bouquin, que je pense explosif comme une ceinture de jihaddiste. Il m'a d'ailleurs été recommandé par une jeune et jolie libraire à qui j'ai dû acheter des dizaines de livres en quelques mois, juste pour le plaisir de retourner la voir. Un jour, n'écoutant que mon courage, je le lui ai proposé de dîner avec moi, et elle a refusé, sous prétexte qu'elle allait se marier. Jeune et jolie libraire, si tu lis ces lignes, je tiens à te féliciter pour m'avoir donné le plus beau prétexte de toute ma carrière pour refuser de dîner avec moi. D'autres se seraient - se sont- contentées de bien moins pour me rembarrer. Merci.

En fait, le problème de Khadra dans ce livre (et d'ailleurs dans un autre que j'ai lu, qu'est-ce qu'on ferait pas pour revoir une jeune et jolie libraire, vous disais-je), c'est un style plus lourd que le Titanic qui se serait mis sur l'iceberg, et les deux reposant sur les statues de Bamiyan. Très, très lourd donc.
Tenez, jouons à un jeu. Je vais ouvrir le livre en 5 endroits au hasard, et écrire le truc le plus lourd sur lequel je tombe. Je vous promets que je ne triche pas, mon frère présent à côté de moi faisant office d'huissier. C'est parti : "d'aucuns" ; "d'évacuer le remugle qui me polluait l'esprit" ; "Je n'ai fait que tourner autour d'une illusion, semblable à une phalène autour d'un lumignon" ; "ses yeux m'inondaient de gratitude" ; " la tornade qui a dispersé mes appuis m'a sévèrement fragilisé ". Ok, j'arrète, vous voyez le tableau.

C'est incroyable ces auteurs qui pensent que parce qu'ils feront une phrase qui semblera compliquée, il seront des vrais écrivains. Tout le monde sait que quand Rimbaud écrit : "Il pleut doucement sur la ville", c'est plus joli que "les cieux enragés déversaient des ondées assassines sur la cité grelottante". Et vous et moi cher lecteur, qui savons depuis le début des années 90 qu'il est tellement plus mieux d'éradiquer les tentacules de la déréliction, le style pompier ne nous impresionne plus .... Dommage donc, sujet génial, style à la con. Un abonnement à vie à La Minute Littéraire + un paquet de fraises Tagada à celui ou celle qui me trouvera l'extrême inverse : style parfait et sujet à la con.

1 commentaire:

ema / la bienveillante a dit…

ce livre EST un attentat